Un jour, il y a quelques temps, j’ai vécu une expérience étrange nommée « expérience de mort éminente ».
Qu’écrire sur ce vécu ? Comment l’écrire ?
Tentative créative. J’ai choisi de déplacer cette expérience de vie dans un contexte narratif évolutif, entre fiction et réalité des sens, sensations et des soupapes de sécurité mises en place concrètement par mon corps pour perdurer.
Cette première version adopte le point de vue de l’exilé et aborde la relation intime entre l’identité et le corps, absence d’identité et absence du corps ; un va-et-vient entre ce qui est, ce qui a été et ce qui n’est plus.
One day, some times ago, I lived a strange named experience « near death experience ».
That to write on this real-life experience? How to write it?
Creative attempt. I chose to move this experience of life in an evolutionary narrative context, between fiction and reality of the senses, the sensations and safety valves been organized concretely by my body to continue.
This first version adopts the point of view of the exile and approaches the intimate relation between the identity and the body, the absence of identity and the absence of the body; one comings and goings between what is, what was and what is not any more.
Quai
Nous étions 4 quand je me suis éveillée.
Une ville dévastée.
Des immeubles dévastés.
Après la guerre.
Nous n’avions pas compris ce qui c’était passé.
La guerre a eu lieu.
Nous n’avons rien vu, rien entendu, rien senti.
Où étions-nous ?
Nous étions dans une pièce d’un immeuble.
Le silence.
Nous nous sommes assis tous les 4 dans l’humidité de la pièce
Il faisait froid visiblement
Nous ne ressentions aucun signe de froid
Je ne ressentais aucun signe de froid
Nous étions là dans la mousse et le moisi de cette pièce dévastée, meurtrie comme nos corps désarticulés et tellement entiers.
Nous étions déjà des ombres
Transparence apparente progressive
Un particulièrement était…
était transparent
Il n’est pas resté
Il n’était plus là quand nous nous sommes levés au son imperceptible
le silence
pas de voix, pas bruits, pas de paroles
Rien
Et, pourtant, nous nous sommes levés
tels des automates nous nous sommes levés et retrouvés en bas de l’immeuble , dans la rue sans pour autant prendre l’escalier qui de toutes les façons n’existait plus, ayant fait les frais de la guerre.
La guerre
On croyait que c’était le réel
c’était le réel pour nous
le quotidien
C’était la guerre
Constat
Vert Mousse
Humide
La ville désarticulée
Nous n’étions plus que 3 à attendre sur le quai
De l’appartement, nous pouvions voir le quai par la fenêtre qui n’était plus
les rails qui n’étaient plus par endroits et d’autres, réparés
des tubes-trains de temps à autre passaient
s’arrêtaient ou pas pas de règles
pas de logique
pas d’ordre
Nous étions en-bas
sur le quai…
Dans le tube
Nous étions sur le quai, donc
à attendre
attendre le signal
Rentrer dans le tube long
De l’appartement où nous attendions,
je ne l’avais pas vu ce tube.
J’avais vu les rails qui étaient en piteux état
mais ce tube éclairé de l’intérieur de lumière bleue n’apparaissait pas dans mon regard
Il n’existait pas
Sur le quai, il prenait toute sa forme
Un tube éclairé de l’intérieur d’une lumière bleue
Mes compagnons avaient disparu
Je regardais au loin et apercevais une montagne
Le tube éclairé de l’intérieur d’une lumière bleue était long, très long, allait jusqu’après la montagne, là où je ne le voyais plus.
Je l’imaginais aller jusqu’au-delà de la montagne.
Image incongrue
Comment un tube statique pouvait se déplacer et m’emmener de l’autre côté de la montagne ou du moins jusqu’à l’entrée du tunnel passant sous la montagne ?
Je devais passer la montagne
Je le savais
J’avais bien compris la teneur de cette histoire illustrée
J’avais bien perçu ce qui devait se passer
Comment?
Le pourquoi ne m’intéressait guère
Parce que je le connaissais le pourquoi
Ne plus avoir mal
Ne plus sentir la douleur
Trouver autonomie et bien-être
Le tube éclairé de l’intérieur d’une lumière bleue
semblait plus agréable que ce paysage dévasté
Je m’interrogeais encore sur ce qu’il s’était passé dans cette ville
La guerre !
Incompréhension?
Incompréhension
Où étais-je en cette période de guerre?
Je pensais être là
Je n’ai rien vu Je n’ai rien entendu
Pas d’explications
Rien Rien senti, rien perçu
Où étais-je ?
La ville
Le tube
Je laissais mes interrogations pour faire un pas en avant vers l’intérieur du tube à l’intérieur, une lumière bleutée
L’homme du tube train
Dans le tube train, je suis
Je prends place
Déjà sur le quai, j’avais perdu tout le monde
Mes compagnons de route avaient disparu
Rapidement
J’entrais
Je prenais place
Dans le tube train
Là
La lumière bleue enveloppait la totalité de l’habitacle
Un silence
sourd
apaisant
Je m’assois près des portes
Elles se referment
Elles sont ouvertes
Personne
Personne à l’intérieur
Ou
Si, peut-être.
Un homme. Plus loin. Assis
Jeune.
Agé
D’apparence jeune
âgé
Je ne le connais pas bien qu’il me soit familier
Il est là
Il ne bouge pas
Il est dans le tube train avec moi
Je reste sur mes gardes
Méfiance
“Familier” ne veut pas dire sécurité
Je me raidis
Je l’observes
Etat de veille permanente. Activation
Même dans ce tube train
L’habitude de l’errance,
De la vigilance permanente émanant de cette vie de solitaire
Ne jamais se poser
Regarder
Se méfier
Même du clan
Même dans les camps, sur ma route
De la bienveillance.
Etrange bienveillance à double tranchant.
Ecouter
Ecouter mon instinct
Animal
Sauvage
Je relâche
Je suis en sécurité
Mes muscles se relâchent
Je vais pouvoir me reposer
Je me le dis
Et, je le redis
Je me le dis
Et, me le redis
Du mal à y croire
JE VAIS ME REPOSER
de cette vie d’exilée
exilée de mon être
Avancer
Le corps sert à avancer
Exilée de mon corps
Continuer
Perdurer
Aller vers
Avancer
Toujours avancer
Là.
Dans le tube train
Cet homme, situé juste au-delà de l’articulation des morceaux de tubes assemblés imperceptibles
Il ne bouge pas
Je l’écoute
Je me dis “je vais enfin me reposer”
Je me le dis
Et le redis
La route
sinueuse
longue
Elle fut longue
Je pense
« Passer la montagne »
D’un seul coup
Passer la montagne. au fond
Nooooon! Nooooon! Je ne suis pas encore arrivée
Abattement
Je n’en peux plus
Encore un effort ! Allez!
Quand cela va s’arrêter?
Quand?
Il me faut passer la montagne pour me reposer
Je me croyais arrivée
De l’autre côté
mes terres
Il faut que je passe de l’autre côté, absolument
L’homme ne dit rien
Il sourit
Il est grand
Le haut du corps développé
Charpenté
les cheveux tirés en arrière
Il n’en a plus beaucoup, de cheveux
Parsemés
Il attend
Qu’attend-il ?
Il m’est familier
Je reste à l’écoute
Tensions
Je dois passer de l’autre côté de la montagne
Comment faire?
Le tube train passe sous la montagne
Comment faire pour me rapprocher de l’entrée du tunnel qui passe sous la montagne ?
Me reposer
Me re poser
ME REPOSER
J’AI
BESOIN
DE
ME
REPOSER
Est-ce que quelqu’un m’entend dans ce tube train?
EST-CE QUE QUELQU’UN M’ENTEND DANS CE TUBE TRAIN ?
Silence
Sourd
Calme
Le silence
Pour temps
Je ne criais pas
Pour temps
Je ne parlais pas
Pourtant
Je me taisais
Est-ce que quelqu’un m’entend dans ce tube train?
EST-CE QUE QUELQU’UN M’EN-TEND
DANS
CE
TUBE
TRAIN
SILENCE
Le silence était là
présent
présent à moi
Je regardais mes pieds
J’étais épuisée
L’idée de me remettre en marche m’épuisait
Abattement
L’exil recommençait
Pas le choix
Me remettre en route
Me stimuler
Je le sais
Je me connais
C’est une histoire de stimulation
Marcher…Marcher…Encore marcher…
Passer au-dessus des douleurs de la marche, de l’errance
Faire abstraction
Inconfort
Pas grave
Prendre sur soi, une fois de plus
Avancer
Combien de temps encore vais-je errer ?
Combien de temps encore vais-je passer d’hébergements en hébergements ?
Combien de temps encore vais-je demander à mon corps de se surpasser ?
Tenir
Tenir
Tenir
Je regarde mes pieds
résignée, une fois de plus, à continuer ma route
Je descends
Je vais descendre
Je descends du train regardant, avant même d’être sortie, d’un mouvement circulaire, la direction que je vais prendre
L’homme est resté dans le tube train
Je quitte
une nouvelle fois
Je quitte le silence
Je quitte la lumière bleue
Je quitte l’apaisement
Je quitte le confort
Je quitte l’homme du tube train
J’ai vraiment cru
J’y étais presque
Mon corps retrouve sa densité
son épaisseur
J’étais assise dans le tube train
Je pouvais voir au travers de mon corps
J’étais assise sur un fauteuil
transparent
Trans parente
Trans
A coup sûr
Sur le pas de la porte du tube train, je me tenais
Je regardais d’un mouvement circulaire à 360°
Où vais-je aller ?
Ecouter mon ressenti
mes pas choisiront
j’ai l’habitude
de me déplacer vers le mieux
vers l’endroit aux qualités potentiellement adaptées à mes besoins
Humer l’air du temps
Tout mon corps choisit
comme d’habitude
Mais, à peine posé le pied sur le quai…
Que… Que… que se passe-t-il ?
Je ne comprends pas
Je ne comprends pas
Je ne comprends pas
Pas le temps de comprendre
Je
Je
Je n’est plus
Je ne suis plus
Vitesse
Vitesse de la lumière + ++++ ++++++++++++++
Tout va très vite
pas de mots
plus de maux
Où?
Non! plus de “où?”, ni de “ou”
Quelle heure est-il ?
Non! plus de “quelle heure est-il ?”, ni de “quel leurre est-il?”
Plus
Tout
Rien
Silence
Présence du silence
Je ne sens plus mon corps
mon corps n’est plus
Le silence = moi
Moi = silence
Silence moi
moi silence
…
Entendue
RE PEAU
Rien
Il n’y avait rien…rien d’autre que le rien… rien
Pas de mots….même rien est trop…
Pas de mots…pas de moi…pas de je…
Il y avait tout
Des fréquences…du son sourd…de l’inaudible…
Et de la joie extatique dans cet infréquençable
Sous ces latitudes blanches aux horizons absents
Et, l’ondulation de fréquence
J’étais
Ni froid, ni chaud, ni
ni…ni….
Et…Et…ET
Plus de douleurs
Plus…plus…plus…
Matérialisé par un sourire béa, peut-être ?
Est-ce que les sourires ont des fréquences?
Se déplacer à la vitesse de la lumière sur le même ton qu’elle,
Illimitée dans l’espace et le temps.
Et…Et…ET…
Rien d’autre que le silence
Rien d’autre que la vie
Rien d’autre que ce son indescriptible, que cette luminosité irréelle
Terre… TERRE….
Enfin, j’atteignais la terre après ces déambulations imaginairement réelles.
Terre…TERRE…TERRE…
Tel un marin qui était en mer pendant des mois et des mois.
S’écriant à plein poumons : “On y est!” “La Terre!
RI E N
Expérience // Relater l’expérience
Visite(s)
Mais alors, je peux me déplacer prestement ?
Mais alors, je peux voyager ?
Mais alors, je bouge ?
Sans les douleurs
Plus d’obstacles, plus de limites
Passe-muraille
Et hop! à travers le mur…à travers l’objet… Et hop!
Amusement
Tout le monde dort autour de moi.
Les femmes dorment dans cet espace qui est celui dans lequel je vis Normalement.
Une se tourne, vire…pas si paisible.
Un lieu. 2 femmes d’un certain âge + moi.
A côté de l’une d’elle. Je suis.
Un corps inerte qui, déjà, semble ailleurs.
C’est moi, je me reconnais.
Paisible. La douleur absente.
Que se passe-t-il ?
Projetée à l’autre bout de la ville.
Radieuse, j’arrive en haut d’un immeuble
Il dort, il dort. Il me sent. Il est sensible.
Me faire discrète, le plus discrète possible.
J’imprime
Il sera bientôt dans autre histoire
Bien
je n’y serai pas
Je pars, il va bientôt se réveiller
Dans quelques heures, il déboulera chez moi
Inquiet
Présent Perte
Les bras remplis d’un carton de légumes et de fruits
Sourire béa aux lèvres
Je pars
Continuer l’expérience
Je me dirige vers un autre endroit à des centaines de kilomètres de mon lieu de vie.
Capitale
Il écoute de la musique
Pas notion de temps
Il fait nuit.
Migraine ? Encore et encore ? Tout va bien pour lui aussi. Il n’est pas tout seul. Il est bien. Un équilibre.
Tout va bien.
Point d’appui.
Elle est dans son lit.
Elle dort. Elle a toujours eu cette capacité à se coucher, fermer les yeux et dormir. En toutes circonstances.
Présente, indéboulonnable
Elle dort aussi, ainsi
Lucidité
Autre lieu. Mer
Il dort profondément, cet homme d’un certain âge
Il me perçoit
Lui aussi est sensible
Je n’ai pas bougé de la chambre dans laquelle je me trouve et je le perçois dormir.
Demain, il viendra nous rejoindre.
Je reste à distance
Comme d’habitude, il sera résigné
La vie continue, ainsi ou autrement
La vie continue
Ubiquité
Entière
Multiple
Je vais les voir Tous
Déposer un sourire
Je vais bien. Je n’ai plus mal. Tout va aller mieux maintenant
Simple onde
Sentiment que je n’ai pas été au bout de mes visite(s)
Et, il me manque quelqu’un ?
Oui, il me manque quelqu’un
Je le sens.
Qui ?
L’être Intime
Mouvement
Suivre le mouvement
Je me laisse mener
Vers l’Intime
Je suis le courant
La fréquence me convient
Je suis la fréquence
Une joie intense m’envahit
Je m’approche du lieu de vie de Intime
J’y suis
Absence Oubli(e)
Black out
Dernière visite
Rien
Je ne me souviens de rien de cette dernière visite
Mais pourquoi ?
Je sens, je ressens, je perçois
Une vibration Une sensation Une fréquence particulière
Nouvelle Ancienne
Je la connais
Je le connais, Intime
Je n’ai pas vu
pas compris
pas entendu
Comment se fait-il ?
Vite! retourner
L’être Intime
le trouver
Trouver cette vibration,
Dans le la, ici et main tenant
Je me retrouve en haut de la pièce où je suis allongée
Les 2 femmes d’un certain âge dorment.
Une d’elles à mes côtés
J’appelle
Elle dort.
Elle se retourne.
Me touche
Grand chahut bahut
Bourdonnement intense
Tous,
mon corps vibre
de la Moelle épinière à Ma carcasse
Ma chair
Majestueuse chair tant aimée
Corps ébranlé
Conscience
Grande inspiration
Je bois la tasse
Je m’étouffe d’air
Respiration
La femme à mes côtés me parle
Je fais un effort de concentration
Me rassembler
Dans un souffle, je réponds oui
au départ interrogatif
Je vais me lever et marcher un peu
Ce n’était qu’un rêve
Je me laisse glisser vers le bord du lit.
“où vas-tu ?”
Je vais me lever
Je me redresse doucement pour atteindre la position assise
Les douleurs sont là
J’ai mal partout
A peine assise que mon coeur se fait sentir, serrement. Une douleur se propage le long de mon bras gauche
Je suis éreintée. Je suis essoufflée.
Que s’est-il passé ?
Ce n’était pas un rêve ?
Pourtant, je dois marcher
Je dois me mettre en route, physiquement
J’ai des mots
Je dois y aller
Retrouver l’Intime
Mais comment ?
J’ai tellement mal
Par où commencer ?
Tout va vite.
1000 pensées
Tout va vite
dans ma tête
J’ai confiance
Il dira ces mots
Ces mots particuliers,
Ces mots précis.
Il les dira
Je ne vois toujours pas ce visage Intime
Je n’ai toujours pas de nom
Un jour