Hier soir. Conversation(s) avec Mathilde

Mathilde est exempte de site, de blog et d’autres réseaux sociaux… Mathilde a un très bel âge. Je la croise régulièrement, souvent même. En coup de vent ou certains jours, autour de la table de la cuisine où nous mâchons précautionneusement nos mots. Le lendemain, nous remettons le couvert mais pas le même. Les mots changent, nous avons changé depuis hier soir.

Mathilde is exempt from site, from blog and from the other social networks … Mathilde is one very beautiful age old. I meet her regularly, often even. In a flash or certain days, around the table of the kitchen where we carefully mince our words. The next day, we set the table again but not the same. The words change, we changed since yesterday evening.

 

 

20

20+20+20+…+20

La fanfare
le baryton à la voix de soprane
Les grosses caisses et le clairon
les majorettes dans les rues éclairées

Elle pleure, elle rit

de ce qui ne sera bientôt plus
qu’une archive classée dans la boîte des gâteaux tant aimés

le souvenir oublié de la tendresse passée
Assise à la table du soir
arrosant l’assiette de ses rires de larmes
pendant que la fanfare et ses majorettes tournent
autour d’elle

Le goût sucré de la nuit tombée
abandonnée aux espaces rosés
dans la délectation du théâtre
elle regarde la fanfare passée
riant aux larmes retenues depuis tant d’années

Le goût venu et le coquelet disparu
dans les chimères des illusions enfouies
des enfants mélodiques

ou bien…

le goût des instants savourés
au présent et peut-être au passé
Le troubadour des histoires racontées
pour oublier l’éternité
de la reine attablée

©Karen Le Ninan

 

 

Des chevaux dans les arbres

 

Des chevaux, partout dans les arbres

de la route, une guirlande de chevaux
des jours entiers

Au début, suspendus et dispersés
dans les cerisiers en fleurs
leur odeur chaude s’étendant autour nous
Eux, jouant des branchages
les jambes à la travée des artères
Une légère fumée sortant de leurs noiseaux.

Les jours passèrent

Les chevaux passèrent

Et, nous passions voir les chevaux
détournant le regard devant ces arbres
incrédules et attractés que nous étions

la blancheur de leur robe colorée
leur crinière aussi
prisme des souvenirs éloignés

En équilibre
sur les arbres
semblaient-ils se distinguer
de derrière les montagnes,
empourprés de roses, de pâquerettes et d’iris

Leurs têtes plongées dans la stupeur des fleurs
la sève se glissait subrepticement dans leurs veines

Alors,
Ils se redressèrent
dans les arbres
le regard doux
Nous, figés sur le sol

d’une épaisseur transpirante et palpable

hypnotisés par leur beauté et leur délicatesse

Au pluriel

Les arbres dans les chevaux
hennissaient

Ils étaient là
les flancs ouverts
prêt à accueillir
nos pensées
de passage
leur dire ce qui est.

©Karen Le Ninan

 

Etat d’hêtres /// 2-0

 

Différents et diffus, soudés…
L’amener, là, con-fia-ment, à rester.
ici. Là. Ou bien là.
sang prendre le large.

N’est-il pas là, le mensonge?

Dans le sans,
Dans les prémices de ce qu’ils étaient, tous 3,
de ce que j’écoutais,
dans le combiné à la forme rectangulaire peu propice à l’identification tripale de ces hêtres amarrés aux souvenirs de ce que je ne suis plus.

Elle est là
…aux puissantes vertus astringentes..

Alors,
Le souvenir oublié,
de ce côté-ci, paralysé devant la houle de l’Atlantique
humide,
imaginé (e),
vécu (e),
et d’un sol coup…
entendre la frô-liaison de la perte de l’autre comme élément déclencheur des vanités douces-heureuses, simulacre d’une vie fantasmée et initiée à la « présence de l’autre ».

A haute dose,
Le sang vient,
faines,
Légèrement toxi K,
laissées, autrefois, aux cochons sauvages et autres porcins des contrées caduques

où les éclats de rires des cous verts aux voix chancelantes font écho à la transformation du 2 en 0,

Là,
dans les heures creuses
des heures (à) eux,
Ici-même, à l’endroit nonobstant où tout se place.
dans l’histoire éternelle du 2+1

©Karen Le Ninan